J’ai découvert que j’aimais danser quand j’ai commencé mon contrat d’apprentissage en cuisine. Le samedi soir, après le service, mes collègues allaient en boîte de nuit. Un samedi, ils m’ont invité. Je n’avais jamais mis les pieds dans une discothèque, mais j’en connaissais vaguement le concept. Une fois tamponné à l’avant-bras, je suis entré ; j’ai tout de suite été happé par une musique assourdissante. C’était Beds Are Burning, des Midnight Oil. J’ai senti un frisson parcourir tout mon corps. J’ai suivi mes collègues qui se dirigeaient vers le bar, au fond de la salle, en contournant les gens et les tables basses. Des hordes de clients étaient agglutinées en arc de cercle, essayant désespérément d’obtenir de quoi s’abreuver. Après une quinzaine de minutes d’attente, nous avons pu passer commande.
Nous avons pris les boissons gratuites incluses dans le prix des tickets d’entrée, une bouteille de whisky Johnnie Walker et du Coca-Cola. J’avais choisi une boisson sans alcool, car, à l’époque, je n’en buvais pas. Nous nous sommes assis à une table, et c’est à ce moment-là que j’ai vraiment pris conscience de la piste de danse spacieuse et des miroirs apposés sur les murs. Plusieurs personnes dansaient, bientôt rejointes par deux de mes collègues. Ils avaient essayé de m’entraîner avec eux, mais j’avais refusé. Même si j’avais très envie de me mettre dans l’ambiance et d’aller sur cette piste qui me tendait les bras, je ne me sentais pas très à l’aise.
Sous l’impulsion des autres membres du groupe, j’ai décidé d’essayer de boire un whisky-coca, pour me détendre. J’ai trouvé ça super bon, si bien que j’ai enchaîné avec un second. Là, je me sentais vraiment bien. Je me suis alors lancé sur la piste. You Spin Me Round du groupe Dead or Alive m’a envahi physiquement et mentalement, et je l’ai laissée faire. Je me suis mis à bouger au rythme de cette chanson. Je me sentais bien, j’étais en joie, et j’éprouvais un sentiment de liberté. Ce soir-là, j’ai gagné un tee-shirt, car j’étais resté sur la piste très longtemps. Il y eut ensuite beaucoup de tee-shirts gagnés.
Malheureusement, ce soir-là, j’avais aussi fait la connaissance du Johnnie Walker, et par la suite, celle de sa cousine, la crème de whisky. Ils furent des compagnons fidèles pendant quelques années. Arrêter de boire de l’alcool a été facile, car j’en aimais le goût, mais pas les effets. Se réveiller dans son vomi, ne pas se souvenir de ce que l’on a fait dans la soirée, être obligé d’appeler quelqu’un au milieu de la nuit parce qu’on a oublié son adresse, s’endormir dans la rue… Voilà les quelques mésaventures que j’ai vécues sous l’effet de l’alcool. Bon, c’est vrai, j’avais un peu abusé sur les quantités ingurgitées. J’ai des difficultés avec le concept de « modération ». Ce qui est drôle, c’est que j’ai eu d’autres addictions dans ma vie – j’ai fumé, embrassé Marie-Jeanne (cigarette qui fait rire) –, et je les ai surmontées assez facilement. Comme avec l’alcool, je n’aimais pas les effets de ces drogues, surtout ceux de la ganja, qui me désinhibait un peu trop ; je ne voulais pas que mon envie de faire du mal aux autres se révèle au grand jour. Sous l’effet de cette substance, je devais faire preuve de beaucoup de volonté pour ne pas passer à l’acte, et c’était épuisant. Par contre, avec le sucre, je n’ai pas réussi. Je ne fais qu’en contrôler l’apport pour ne pas aggraver mon diabète. Bon on s’égare un peu, revenons à la danse.
La danse est un art que je qualifierais d’auto-expression. C’est une façon naturelle d’exprimer ses émotions, ses pensées et son expérience intérieure. Je l’utilise en art-thérapie, pour me libérer de mes blocages psychologiques. La danse est une expression intrinsèque des humains. Elle fait partie intégrante de nos vies ; elle est présente dans toutes les cultures. Chaque événement important qui jalonne notre existence est exprimé à travers des danses collectives ou individuelles. La danse est aussi un facteur de lien social.
Pourquoi est-ce que j’utilise la danse pour équilibrer mon diabète ? Quand j’ai commencé à intégrer le sport dans ma thérapie, je n’avais qu’un vélo classique. Après quelques mois à pédaler, ma motivation est retombée comme un soufflé qui serait resté en attente trop longtemps. Je me suis rappelé à quel point j’avais aimé danser en boîte de nuit ; je me suis alors demandé pourquoi ne pas revivre un peu ma jeunesse, et je me suis lancé. Bien sûr, ma condition physique n’était pas la même. Ma première séance fut vraiment très courte, parce que j’étais très essoufflé. Mais j’ai persévéré, et la danse déclenche maintenant beaucoup de joie et de bien-être en moi. Quand je suis emporté par la musique, j’ai l’impression de ne pas faire d’efforts et j’ai beaucoup de mal à m’arrêter. Je me dis : « Encore une petite dernière, et je m’arrête. »
Ce que la danse apporte en tant qu’activité physique
Les bienfaits de la danse sont nombreux.
- Elle sollicite le corps dans sa globalité et tonifie les muscles.
- Elle développe l’endurance et augmente la capacité respiratoire.
- Elle provoque un gainage permanent des muscles profonds des abdominaux, ce qui les renforce.
- Elle nous apprend à coordonner nos gestes et à nous mouvoir dans l’espace.
- Elle fait travailler notre sens de l’équilibre.
- Elle améliore nos réflexes (nous apprenons à adapter nos mouvements au rythme de la musique).
- Elle nous permet de nous exprimer, car les mouvements que nous exécutons en dansant font appel à notre imagination et à notre sensibilité.
Voilà un aperçu des bénéfices que l’on peut tirer de la danse. Si vous cherchez une activité qui vous aide à équilibrer votre diabète et agisse positivement sur votre corps, sur votre mental ainsi que sur vos émotions, la danse est faite pour vous. On peut la pratiquer chez soi et on n’a pas besoin de matériel spécifique. Pas besoin d’être doué, chacun a sa façon de danser. Il suffit de s’exprimer. Peut-être que des croyances limitantes telles que « Je n’ai pas le sens du rythme », « Je ne sais pas danser », ou encore « Je vais me sentir ridicule » surgiront dans votre esprit. Vous considérez peut-être que ces idées préconçues sont vraies. Peut-être même que vous n’avez pas commencé à danser à cause d’elles. Si vous voulez vous en affranchir, intégrez une petite dose d’art-thérapie à votre séance. C’est très simple. Il suffit d’imaginer que vous exprimez, à travers vos mouvements, la croyance qui vous freine dans votre désir de retrouver la forme. Cela a pour effet de provoquer une distanciation avec cette croyance, et d’atténuer les émotions qui y sont associées. Cela permet de mieux la gérer, et d’éviter qu’elle contrôle la prise de décision (est-ce que je danse, ou non ?).